Création d’itinéraires de voyages: les professionnels doivent jouer leur rôle!

Image de Belle Co, Pexels

Voici un reportage réalisé par Fanny Beaulieu Cormier, Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme Transat – Page de l’analyse ICI.

20 janvier 2020 – Les voyageurs veulent voyager de façon plus “responsable”. D’après une étude réalisée par Booking, ils sont même 87 % a avoir confié souhaiter voyager de façon durable. Face à ce nombre grandissant, les fournisseurs de voyages adoptent peu à peu de nouvelles politiques pour s’enligner avec cette tendance.

De plus en plus d’agences de voyages, transporteurs et de voyagistes tentent de réduire leur impact environnemental dans l’élaboration de leurs circuits. C’est le cas Europ Auto qui a annoncé le mois dernier financer la plantation d’arbres à chaque location de voituremais d’autres joueurs vont encore plus loin.

Prenons l’exemple Intrepid Travel, une compagnie carboneutre depuis 2010 qui compense le CO2 qu’elle émet par sa participation à des projets de plantation d’arbres et de culture d’algues. Elle désire devenir le premier voyagiste à obtenir un bilan carbone négatif d’ici 2020. Ainsi, plus de carbone serait absorbé qu’elle n’en émet. Pour ce faire, elle veut implanter une initiative de permaculture marine afin de régénérer l’écosystème. Cette entreprise a récemment reçu le titre de la plus grande agence certifiée B Corps au monde, ce qui signifie qu’elle satisfait aux standards les plus élevés en ce qui a trait à sa performance environnementale et sociale.

LES VOYAGEURS SONT DE PLUS EN PLUS CONSCIENTISÉS

Selon une récente étude menée par Booking.com auprès de 12 134 répondants des 5 continents, ayant fait au moins un voyage dans les 12 derniers mois ou prévoyant en faire un dans les 12 prochains mois :

  • 87 % d’entre eux ont mentionné désirer voyager de façon durable
  • 39 % ont confirmé qu’ils le faisaient toujours ou sur une base régulière

Réduire son empreinte environnementale (40 %) et vivre une expérience locale (34 %) représentent deux des principales sources de motivation des répondants ayant séjourné dans une habitation écoresponsable au moins une fois dans les 12 derniers mois.

Il y a donc une volonté de la part des voyageurs de vouloir adopter des pratiques plus durables en vacances. Les voyagistes et les agences de voyages pourraient en profiter pour créer des occasions de faciliter cette transition vers des séjours plus écoresponsables.

PRÉPARATION EN AMONT…

Comment faire ? C’est souvent la première question qui revient. On pense que ça coute trop cher, que c’est trop compliqué mais rassurez-vous des organismes peuvent vous aider.

Global Sustainable Tourism Council (GSTC) est une organisation accompagnant les professionnels de l’industrie touristique dans leur transition vers des pratiques durables en leur fournissant, par exemple, une liste de critères à respecter selon leur secteur. Parmi les quatre principaux thèmes de la liste s’adressant aux voyagistes, on trouve la planification efficace de la durabilité. Une bonne préparation permet d’avoir un meilleur impact environnemental et social.

… dans le but d’améliorer les partenariats locaux

En Afrique, l’association Kilimanjaro Porters Assistance Project (KPAP) incite les voyagistes à devenir partenaires afin de respecter différents critères éthiques visant à améliorer les conditions de travail des guides, des porteurs et des cuisiniers locaux. Par exemple, les porteurs transportent un maximum de 20 kg, doivent détenir de l’équipement d’ascension adapté et doivent avoir accès à une formation.

… afin de mieux s’intégrer dans les communautés locales

L’implication sociale organisée en amont permet de vivre une immersion dans la culture locale en travaillant directement avec les communautés. Les routes du monde, une agence de voyages québécoise qui crée ses propres circuits, engage des guides locaux afin d’accompagner ses clients et de les aider à mieux se familiariser avec les coutumes du pays. On peut même lire leur profil dans la section « Équipe » du site Web, avant le départ.

Source : YouTube, Les routes du monde

Sasane Sisterhood Trekking and Travel, une agence située au Népal, embauche des femmes ayant été victimes de trafic humain à titre de guides. Elle élabore également des circuits dans des régions moins nanties afin de développer de nouvelles sources de revenus pour les habitants et, ainsi, s’attaquer à l’une des principales causes de ce trafic, soit l’extrême pauvreté.

… pour compenser l’empreinte carbone 

Devenir une entreprise carboneutre n’est pas nouveau. En effet, Natural Habitat Adventures (NHA), dont le siège social se situe au Colorado, a affirmé en 2007 être le premier voyagiste carboneutre au monde. De nos jours, ce terme est de plus en plus repris par diverses organisations. L’agence française Kuoni propose à ses clients de payer une taxe carbone, alors que Karavaniers a été la première agence de voyages au Canada à inclure systématiquement un montant compensatoire pour les émissions de carbone dans le prix de ses forfaits. Elle donne également 1 % de ses profits à des associations œuvrant pour la protection et la préservation de l’environnement.

IMPLICATION UNE FOIS À DESTINATION

L’engagement durant le voyage est la continuité de ce qui a été pensé en amont afin de limiter son empreinte environnementale. Voici quelques exemples d’actions pouvant être réalisées, une fois les touristes arrivés.

Éliminer les bouteilles d’eau jetables 

 Jad Haddad, de l’agence québécoise Terres d’aventure, mentionne qu’il est important de consulter ses collaborateurs locaux pour la gestion des déchets. Ceux-ci peuvent fournir, dès l’arrivée des touristes, des bouteilles d’eau réutilisables, tout en mettant à leur disposition des stations de purification d’eau. C’est le cas de Nomad Tanzania, en Tanzanie, de Pugdundee Safaris, en Inde, de Cottar’s Safaris, au Kenya, ainsi que de Galapagos Safari Camp, en Équateur. S’il n’est pas possible d’avoir à sa disposition des stations d’eau, des pailles munies d’un filtre intégré, de marques telles que Grayl et LifeStraw peuvent constituer des solutions de rechange.

Source : YouTube, Pugdundee Safaris

Offrir des hébergements temporaires 

Une expression bien connue du mouvement « sans trace », « ne prend que des photos, ne laisse que tes empreintes », doit être applicable plus particulièrement lors de voyages organisés en milieu naturel. Upscape, une agence établie au Chili, offre des campements provisoires dans des coins reculés tels que la Patagonie, afin de miser sur une déconnexion totale et une immersion complète en milieu naturel. Polyvalents, ces camps pop-up peuvent être installés n’importe où, que ce soit en Tanzanie, au Groenland ou encore dans l’Arctique canadien, comme le fait l’agence NHA. Une fois le séjour terminé, rien n’est laissé sur place!

FAIRE CONNAÎTRE SES ACTIONS

Bien communiquer ses actions à ses employés, à ses partenaires et à ses clients est souvent la clé de la réussite d’un projet.

Afficher son offre en tourisme durable

Avoir une offre en tourisme durable, c’est bien, la mettre en évidence sur le site Web, c’est encore mieux. Quelque 40 % des répondants au sondage de Booking.com ont mentionné qu’un filtre sur le site Web pourrait les aider à trouver facilement ce produit et, ainsi, les inciter davantage à opter pour ce type de voyage. 

Être transparent envers ses clients

Nicolas Cournoyer, l’un des quatre fondateurs de Piknic Électronik et d’Igloofest, mentionne qu’il est important de faire connaître ses actions écoresponsables en choisissant celles que l’on désire mettre de l’avant. Il ajoute qu’il faut adopter un discours authentique en assumant que l’organisation n’est pas parfaite, mais qu’elle prend les mesures nécessaires pour adopter des pratiques durables. Afin d’éviter de donner une fausse impression d’écoblanchiment (greenwashing), la transparence et la modestie sont donc les valeurs à retenir dans ses communications avec les clients.

Accompagner ses employés dans cette transition écologique et sociale

Faire de ses employés une composante centrale de sa politique écoresponsable permet d’assurer la réussite de ses actions. L’agence de voyages Pugdundee Safaris, située en Inde, consulte son personnel avant de réaliser un changement. L’équipe devient ainsi fière de participer activement à cette transition écologique et est heureuse de proposer une offre durable à ses clients. Une liste de produits à ne pas acheter afin de respecter la politique de développement durable est aussi mise à la disposition des gestionnaires.

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Que vous soyez une entreprise écoresponsable depuis plusieurs années ou que vous débutiez dans le domaine, il faut vous rappeler d’y aller une étape à la fois. Intégrer une politique de responsabilité sociale et environnementale au sein de vos activités vous permettra d’avoir un réel impact positif sur la pérennité de la faune et de la flore ainsi que sur les communautés locales, en plus d’offrir à vos clients des expériences uniques.

Quelles actions pourriez-vous mettre en place dès maintenant?

Collaborez-vous avec les communautés locales?