[Patrice Godin] entrevue d’un ultramarathonien!

Ariane Laberge 
Auteure & spécialiste en relations humaines
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COMÉDIEN ET ULTRA MARATHONIEN, IL FAIT LES PLUS INTENSES ET LES PLUS LONGUES COURSES DU MONDE!

On l’a vu récemment dans le film 1:54, et si vous ne l’avez pas encore regardé, vite à vos écrans, car c’est un film À VOIR. Sincèrement, j’ai mis deux jours à m’en remettre tellement ça parle fort. Il est aussi de la distribution de Blue Moon, une télésérie diffusée sur illicoweb. Les grandes fans de la télésérie La Galère savent de qui je parle! Eh oui, le beau Patrice Godin court des ultras marathons, des ultras grandes distances à la course, des 80 heures de course sans arrêt! Il est maso ou quoi, se dira-t-on? Eh non, il aime se dépasser, voilà tout. Une entrevue intimiste avec un gars d’une humilité à tout rompre.

P.V. Comment te décrirais-tu en cinq mots?
P.G. Honnête, endurant, solitaire, sauvage, passionné.

P.V. Quelle est ta mission dans la vie?
P.G. Eh boy! Je ne pense pas avoir une mission. Ma mission… je dirais que c’est de rendre mes filles heureuses et d’en faire de bonnes personnes. Et faire de mon mieux pour contribuer à leur évolution. Et aussi, mais je ne dirais pas que c’est ma mission, je ne suis pas un gourou, mais je trouve ça le fun que mes courses inspirent des gens à se dépasser, à courir, à marcher. C’est un beau « goodie » de la vie auquel je ne m’attendais pas. Moi, je fais ça parce que j’aime ça! Je ne me considère pas meilleur que les autres. Le fait d’être comédien et d’avoir une visibilité m’a permis d’avoir cette plateforme et la visibilité pour faire rayonner la course. C’est un heureux hasard.

P.V. Qu’est-ce que c’est au juste, un ultra marathon?
P.G. Ce sont des courses qui débutent à 50 kilomètres, puis ça augmente à 80, 100, 160, et c’est rendu à plus de 330 kilomètres. La plupart du temps, c’est en sentier plat ou montagneux, ça dépend des circuits.
Mes favoris sont les Bigfoots, je suis plus du type coureur solitaire, d’où le mot « sauvage » dans mes cinq mots. Durant ces courses, je peux me retrouver seul dans le sentier, en pleine forêt, durant des heures, voire une journée complète. Des courses comme l’Utra-Trail du Mont-Blanc (170 kilomètres de sentiers autour des plus hauts sommets d’Europe), ce n’est pas la même chose. Il y a 2 600 coureurs au départ, il est assez difficile de se retrouver seul, tu as toujours quelqu’un qui court derrière ou en avant de toi.

P.V. La course est arrivée comment dans ta vie?
P.G. Je voulais me remettre en forme et arrêter de fumer. Je me souviens qu’avant, je trouvais ça « stupide » quand je regardais les gens courir, je ne voyais pas l’intérêt. Puis j’ai commencé tranquillement, avec ma fille dans le « jogger », juste pour me remettre en forme. J’avais déjà fait un peu de course avant, mais ça ne tenait jamais le coup. J’ai commencé par des petites distances, des petits vingt minutes, et puis, j’ai vraiment eu la piqûre.

P.V. Qu’est-ce que ça t’apporte de courir de si grandes distances?
P.G. La course m’a apporté juste des bonnes choses! Ça m’a donné la discipline pour écrire un livre. Ça m’a aussi amené à m’impliquer auprès des jeunes pour le Centre jeunesse de la Montérégie. Je crois que ça fait de moi une meilleure personne, j’ai appris à faire une chose à la fois, à me calmer, à méditer, à être plus dans le moment présent. Juste du positif!

P.V. Comment as-tu commencé à faire des ultras marathons?
P.G. J’ai vu une publicité un jour et c’est venu réveiller quelque chose en moi. J’ai eu la curiosité de savoir jusqu’où je pouvais aller, jusqu’où mon corps pourrait endurer. J’ai été élevé dans un endroit isolé, je n’avais pas beaucoup d’amis et je passais mes journées à jouer seul dans le bois. On habitait près d’un lac et quand j’avais un surplus d’énergie, je partais faire le tour du lac à la course. Je pense que ce sont ces souvenirs d’enfance qui sont remontés. Aujourd’hui, je vis en ville, et j’avais perdu ce contact solitaire avec la nature. Les ultra marathons m’ont remis en contact avec ça.

P.V. Un endroit de rêve où tu irais courir un ultras marathon?
P.G. Les paysages de l’Utra-Trail du Mont-Blanc sont difficiles à battre, c’est vraiment magnifique. Cependant, je dirais que mon plus beau souvenir est d’une part mon premier ultra marathon. La fierté d’arriver à la ligne d’arrivée, de voir la famille et les amis, c’était vraiment quelque chose de particulier. Et aussi, en août dernier, lors de mon Bigfoot 200, j’ai fait les 400 derniers mètres avec ma femme et mes filles. C’était vraiment émouvant. Quand ça fait 80 heures que tu cours, c’est un regain d’énergie incroyable.

P.V. Est-ce qu’en regardant en arrière tu as une impression de surréalisme? Sachant que pour accomplir le Bigfoot, le délai est de quatre jours et demi, on en réalise des choses durant ce temps!
P.G. (Rires) Quand j’ai fait le Bigfoot, j’ai un ami qui était parti en Gaspésie en moto. Il a eu le temps d’y aller et de revenir, et moi, je courais encore! Le secret, c’est de faire un pas à la fois, une étape à la fois. Les fois où ça ne va pas, c’est qu’on n’est pas dans le moment présent. On pense à ce qu’il y a de fait ou à ce qu’il reste à faire. On doit rester dans le moment présent, le but c’est d’avancer.

P.V. Un endroit de rêve où tu irais courir un ultra marathon?
P.G. Il y a des courses un peu partout dans le monde. Pour faire plusieurs courses, ça demande un budget énorme! Mais si j’avais à choisir un endroit, j’aimerais bien faire le Népal ou l’Australie, et j’en profiterais pour visiter le pays.

P.V. Si tu avais un conseil à donner à quelqu’un qui veut commencer à courir?
P.G. Je lui dirais, un pas à la fois. De ne pas être dans la performance. Il faut y aller tranquillement, lentement. L’important c’est d’y aller doucement et d’être assidu, au moins trois fois par semaine et de se donner du temps.

Patrice prendra part à une prochaine course, le Moab 200, qui se déroulera en Utah en octobre prochain et cette fois-ci, ce sera un parcours de 370 kilomètres.
Pour l’encourager et le suivre sur son blogue : https://patgodin.com