[Fort Myers] Refuge hivernal des inventeurs

Franck Laboue
L’aventurier épicurien
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Quand j’évoque la Floride, c’est le golfe du Mexique et ses petites cités tranquilles qui ravivent mes envies d’évasions au soleil. En scrutant la carte des destinations offertes par Air Canada Rouge au départ de Montréal vers la Floride, c’est la petite cité de Fort Myers qui viendra intriguer les amateurs du “Sunshine State”.

Loin des princesses du monde de Disney et de la turbulente Miami, que se cache-t-il derrière le nom de Fort Myers? Oubliez la côte Est, refuge plein à craquer de nos compatriotes, et dirigez vous vers les eaux plus calmes du golfe du Mexique. Avec Naples et Sarasota, elle fait partie de ce trio de cités de plus en plus prisées par les familles et les voyageurs curieux de découvrir un autre morceau de la Floride. Eaux turquoises, couchers de soleils magistraux, sites historiques d’importance, plages de coquillages à la réputation mondiale, cette station balnéaire est le plus agréable des microcosmes de l’état du soleil. Attendez, vous avez dit sites historiques d’importance? À Fort Myers, la Floride n’en finira plus de m’étonner. Il est impossible d’évoquer cette petite ville sans parler du grand Thomas Edison. Prenez vos gougounes, vos lunettes de soleil et votre appareil photo sans oublier la crème solaire: on part faire un tour à Fort Myers!

UNE CITÉ SUR LE GOLFE DU MEXIQUE

Autant l’avouer tout de suite, Fort Myers ne m’avait jamais rien inspiré de particulier avant que la curiosité ne m’y emporte. Elle était pour moi, l’amoureux transi de Floride, un tremplin vers les îles de Sanibel et Captiva. De nombreux voyageurs doivent partager cette même pensée. Mais parfois, en grattant la surface, on s’aperçoit vite que l’on passe proche d’une petite perle cachée. Fort Myers, c’est la porte d’entrée du sud-ouest de la Floride. Son aéroport nous permet de rejoindre les cités balnéaires tranquilles et leurs immenses plages sauvages.

Je longe de bon matin le bord de l’océan. Parti depuis Naples, 45 minutes seulement me séparent de Fort Myers et de ses 80 000 habitants. Lovée sur les méandres du fleuve Caloosahatchee, la petite ville semble écrasée par la chaleur tropicale. Ma curiosité m’emporte vers le “Historic District”. J’ai un sourire aux lèvres car nos amis américains aiment utiliser ce terme dès qu’un bâtiment centenaire est présent. Je suis surpris de voir que le centre-ville est finalement éloigné de la côte et des plages. Ici, le bord de l’eau, ce sont les rives du fleuve tropical. Surnommé le “River District”, le vieux centre est un bel exemple de ces villes américaines qui sont sorties de terre comme des champignons au début du XXème siècle. Un air connu habille les bâtisses de la rue principale. C’est néanmoins 70 vieilles maisons qui sont éparpillées dans le vieux district, cachées à l’ombre des palmiers dans des rues tranquilles. Sur la rue principale, un charme typiquement américain me surprend. Je me laisse vite prendre à la discrète beauté du mélange architectural que propose ce petit quartier. Briques rouges industrielles y avoisinent de douces façades pastels à l’allure si “floridienne”. Antiquaires, boutiques, galeries d’art, objets vintage; une balade à faire dans un cadre agréable.

Midi arrive et me voilà déjà en quête d’un endroit où casser la croûte. Une enseigne m’interpelle: “Ford’s Garage”. Non seulement Edison a fait la renommée de la ville, mais il a amené dans son sillage son ami Henry Ford ! Hommage donc dans ce restaurant au célèbre industriel, j’y retrouve un menu classique et le plaisir de manger dans un décor à la touche nostalgique où les clins d’œil au célèbre Ford sont très présents.

 

EDISON & FORD ESTATES : UNE PLACE AU SOLEIL

Une somptueuse allée de palmiers m’emporte vers le plus important lieu historique de la ville. Une de ces allée à l’allure chaude et tropicale qui forme un doux mélange entre le chic de Beverly Hills et la moiteur de Floride. C’est en 1886, la même année que fut fondée Fort Myers, que le grand Thomas Edison s’installe dans la région. L’inventeur de génie aux 1900 brevets, comme de nombreux Québécois aujourd’hui, allait passer ses hivers du côté de la Floride. Il entrainera dans son sillage de célèbres amis: Henry Ford et Harvey Firestone. Me voilà prêt à démarrer la visite, trépignant de découvrir ce somptueux complexe, véritable témoignage de l’œuvre d’un génie. Avant même d’entrer, c’est le plus grand banyan d’Amérique qui me toise, un monstre végétal dont les branches retombent dans le sol pour former d’autres troncs.

Énième visite de maison musée? Oh que non, en passant le portique en bois blanc de la propriété, c’est tout d’abord un véritable jardin luxuriant qui m’accueille. Fleurs, arbres fruitiers, manguiers, racines gigantesques pénétrant sur tout le terrain, une vraie petite jungle cohabite avec les résidences. Amateurs de botanique, vous serez comblés. Pas moins de 500 espères d’arbres, plantes et fleurs se retrouvent sur le domaine. Comment allier science et plaisirs du jardin lors de ses hivers en Floride? Demandez à Monsieur Edison!

La magnifique demeure principale, “Seminole Lodge”, me donne instantanément l’envie d’y emménager. Allure coloniale avec des airs de maison de planteur du “Vieux Sud”, la grande bâtisse respire cet air si magique de la “Vieille Floride”. Patios démesurés, chaises de bois où l’on aimerait s’installer des heures à l’ombre des arbres géants où chantent les oiseaux tropicaux. La décoration intérieure respire le XIXème siècle, mobilier et photos d’époques nous y plongent comme si c’était hier.

La maison d’Henry Ford, elle, est plus discrète et ressemble à un petit chalet comme on en voit tant dans la région. Elle n’a pas la splendeur du “lodge” d’Edison.

Quelques vieux modèles de voitures Ford sont présents dans la propriété. Longeant les arbres majestueux, ma curiosité m’emmène dans les recoins du jardin. C’est un peu la partie de Madame Edison, des petites créations botaniques, quelques chaises autour de fontaines entourées de décorations en faïence, un certain chic de début de siècle. Le jardin se termine au bord de la rivière. Un ancien quai à l’allure fantomatique semble avoir sombré depuis longtemps sous les eaux troubles du fleuve. Les cormorans me font un clin d’oeil en sortant la tête de l’eau; les pélicans s’envolent à l’horizon, le vent passe en bruissant dans les feuilles des palmiers, un délice de propriété et un endroit reposant.

En dehors des maison, il ne faut pas louper le musée ainsi que le laboratoire. Vous y retrouverez la plus grande partie des inventions d’Edison (1847-1931), dont la majorité des brevets et inventions portaient sur l’électricité, le télégraphe, le phonographe, l’ampoule ou encore le téléphone. Ce que l’on sait moins, c’est que le futur créateur de General Electric développa une nouvelle forme de Latex dans son laboratoire de Fort Myers pendant la Première Guerre Mondiale en s’associant avec ses voisins … Ford et Firestone. À trois, ils fondent la “Edison Botanic Research” et développèrent un caoutchouc qui allait révolutionner les pneus des véhicules. Véritable plongée dans l’histoire, le musée est un incontournable pour tous les curieux. Rendez vous au 2350 McGregor Blvd, Fort Myers.

En quittant la ville, je passe devant le pont majestueux qui emmène les voyageurs sur l’île de Sanibel, paradis des amateurs de coquillages. Un endroit idyllique et unique en Floride, je risque de vous en reparler très vite dans une future chronique dédiée à cette île pas comme les autres. La brise marine et le soleil ont fait roussir ma peau de p’tit gars du nord. En regardant dans mon rétroviseur, je dis au revoir aux formes coloniales de la maison d’Edison, aux petits cubes pastel du centre de Fort Myers et à la douceur de vivre qui entoure cette agréable cité.

VERDICT DU CHRONIQUEUR

À l’image de la Floride, Fort Myers est surprenante à plus d’un titre. Les familles y retrouvent le calme et les plages idylliques tandis que les curieux de passage peuvent y apprécier un morceau d’histoire américaine en visitant les maisons d’Edison et Ford. C’est un mélange si propre à la Floride, l’alliance en douceur de la culture, de l’histoire et de la nature, le tout sous un beau soleil. Croyez-moi, essayez la côte ouest! Ne le crions pas trop fort et gardons encore un peu le secret pour nous.

 

 

 

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