[Joshua Tree] Mythe californien

Franck Laboue
L’aventurier épicurien
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L’appel de l’ouest magnétise les hommes et femmes d’Amérique du nord depuis des siècles. Rien ne saurait représenter cette fièvre autant que la magique Californie. C’est la terre de la ruée vers l’or, une contrée immense et fascinante qui fait rêver le monde rien qu’à l’évocation de son nom.  Les rétines des voyageurs s’illuminent telles des étoiles sur le trottoir de Los Angeles quand ils arpentent cet endroit pas comme les autres. La Californie est un géant à deux têtes; l’une tournée vers l’océan Pacifique avec ses cités flamboyantes et ses plages saupoudrées de surfeurs, l’autre tournée vers la Sierra et les terres fabuleuses de l’arrière-pays.

L’ouest américain est fascinant, il compte de si nombreux grand parcs nationaux aux noms si populaires tels le Grand Canyon ou Yellowstone par exemple. La Californie, sur un terrain plus restreint, fait faire un grand huit d’émotions à ses visiteurs. Vous passez aisément des Séquoias géants aux vallées rocheuses, pour enfin arpenter le désert. Yosemite et Death Valley sont toujours les parcs les plus emblématiques de l’état. Par contre, à deux petites heures de voiture de Los Angeles, caché dans le sud de la Californie, se blottit le petit parc de Joshua Tree. Une biodiversité exceptionnelle dans un cadre désertique inoubliable fait de ce parc national l’un des plus appréciés des voyageurs. Chaussez vos bottes, n’oubliez pas le chapeau et la crème solaire, je vous emmène explorer l’un des paysages les plus déroutants de Californie. En route.

UNE ROUTE MONTAGNEUSE

Le soleil se lève sur les montagnes enserrant la cité pastel de Palm Springs. Je m’apprête à prendre la route pour vivre une journée au coeur du parc de Joshua Tree. En sortant de la ville, une moisson d’éoliennes parsème l’horizon telle une forêt de métal blanc. Grandeur de l’Amérique dans le moindre morceau de désert, la ville s’efface et ma petite voiture arpente une longue route dans les collines. Les panoramas majestueux se mettent en place. Les stations-service sont déjà bien rares, tout comme la trace des hommes. Les montagnes aux neiges éternelles forment un panorama digne des meilleurs décors de Western. Pendant que la radio crache des airs country, je croise la petite bourgade de “Yucca Town”. Quelques “Diners” et une station miteuse me donnent la sensation d’être dans le remake du film “Délivrance”, le banjo en moins. J’aperçois alors le panneau qui m’entraîne vers Joshua Tree National Park. Ici, on retrouve l’un des écosystèmes les mieux préservés du pays. Au croisement des déserts Colorado et Mojave, ce coin de désert est parc national depuis 1994.

J’allais m’en rendre compte vite, très vite. Joshua Tree est populaire. Si populaire que je dois faire la file à l’entrée du parc national comme si j’allais au service au volant! Joshua Tree n’est pas juste un album de U2, c’est aussi le parc national le plus accessible depuis la côte. En l’espace d’une journée, vous pouvez vivre une escapade sur une autre planète. Hollywood ne s’est d’ailleurs pas trompé, ses productions par dizaines utilisent le décor unique du parc dans leurs longs-métrages.

LA SILHOUETTE DES ARBRES DE JOSUÉ

Mais alors, qu’est-ce qui différencie autant Joshua Tree des autres parcs de l’Ouest? Qu’est-ce qui fait de lui une star d’Instagram à part entière? Il s’agît de l’arbre de Josué! Il ne s’agît pas d’un cactus mais bien d’un arbre qui peut vivre près de 200 ans. Cette espèce botanique est particulière à la région, une prolifération bien locale.

Pourquoi ce nom? Un détachement de colons Mormons partis en exploration vers le milieu du XIXème siècle lui donnèrent ce patronyme. La légende dit que ses formes rappellent le fameux successeurs de Moïse avec ses bras tendus vers la terre promise. Branches crochues, épines, tronc nu comme un vers, son allure extra-terrestre détonne.

Avant même d’entrer dans le parc, je croise leur silhouette sur la route. Une fois entré, c’est une véritable forêt de ces arbres venus d’une autre planète qui recouvre l’horizon. La route se faufile dans le panorama et c’est un morceau d’Amérique que j’apprivoise depuis mon volant. Les arrêts photos ne manquent pas, la bande d’asphalte continuant de serpenter et d’onduler le long du paysage. Les branches tordues des Joshua Tree m’invitent loin de la surface de la terre. Je suis subjugué par leurs formes et leurs boules gorgées de pics. Ce paysage ne ressemble à aucun autre dans ce vaste Ouest américain. Et dieu sait que les paysages américains sont variés. Ici, tout est sec, les roches de toutes les couleurs et du sable qui forment des boules rondes à perte de vue. Réminiscence des dessins animés de mon enfance, je me plais à imaginer un coyote déambulant avec ses longues pattes entre les arbres à la recherche du “Road Runner”. Impressionnant paysage aride si loin et si proche de la vallée de la mort, rien d’étonnant qu’Hollywood en ait fait son terrain de jeu.

VARIÉTÉ DES SENTIERS

Si vous ne partez pas trop tard, vous pourrez faire le tour de ce petit parc sans vous presser. Joshua Tree est un vrai bonheur pour toute la famille. La variété des sentiers et leur difficulté permet à chacun d’y trouver son bonheur. De nombreuses petites marches au coeur des roches entourées d’arbres permettent d’apprécier la beauté des lieux, le tout aménagé à l’américaine, bien sûr. Sur la route, je suis abasourdi par la grandeur de certains arbres. Immenses silhouettes de pics tordus, ils me surplombent de toute leur magnificence, géants du désert et de leur grâce insoupçonnée.

Keys View. Immanquable point de vue, il vous permet de grimper à 1,580 mètres d’altitude et d’apprécier les montagnes de San Bernardino. La vallée de Coachella est à vos pieds et vous dominez les montagnes. J’ai vite l’impression que le monde est à mes pieds. Sur la route, je croise le sentier de “Hidden Valley”, un chemin de terre me rebute très vite. J’apprends qu’il s’agissait d’un ancien repère de voleurs de bétail.

Vous ne serez pas seuls sur les routes de Joshua Tree, de nombreux cyclistes se parent d’un courage sans bornes et arpentent le parc sur leur deux-roues. Il s’agît aussi d’un parc très bien aménagé pour les nombreux VR et autres roulottes qui se croisent en grand nombre sur la route. À la sortie du parc se profile l’Étrange “Skull Rock” à la forme si évocatrice. Un rocher qui semble fait pour se retrouver au milieu de ce paysage lunaire.

La boucle se termine, le paysage se prolonge à l’infini, vision de Joshua Tree qui semblent se confondre avec la ligne d’horizon. Avant de sortir, je croise la silhouette de cette variété de Yucca géant qui donne sa singularité au parc national. Avec la fin du jour, des teintes mauves viennent accentuer l’aspect étrange du lieu. Dans mon rétroviseur, j’aperçois la silhouette des amateurs d’escalade qui continuent de gravir les rochers ronds au coucher de soleil. Je suis presque tenté de rester pour admirer les étoiles une fois la nuit tombée. Faible humidité et éloignement des villes favorisent des nuits noires et nous rapprochent de l’éclat des étoiles. Des étoiles, Joshua Tree m’en aura données toute une galaxie. Mes yeux se souviendront longtemps de cet endroit unique dans l’Ouest.

VERDICT DU CHRONIQUEUR

À la rencontre de deux déserts, Joshua Tree est un endroit hors du temps. Parc national accessible depuis Los Angeles et Palm Springs, il permet une escapade dans les paysages de l’ouest tout en évitant de s’enfoncer trop profondément dans les terres arides de cette région. Paysages magiques et quelques peu biscornus, majesté de la biodiversité du désert et panoramas majestueux font de Joshua Tree un endroit unique au monde. Amoureux de la nature, amateur de l’ouest et de ses parcs nationaux, celui-ci vous fera vivre le rêve américain comme nul autre.

À ÉCOUTER

U2 (Joshua Tree – 1987) – Cette année marque le trentième anniversaire de l’album mythique du groupe irlandais. Un bon compagnon de volant pour arpenter les routes du parc.

Info : www.nps.gov/jotr

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