[Miss Curieuse] la vérité sur le métier de guide accompagnateur

Gwendoline Duval
Spécialiste marketing du tourisme & tendances
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Aujourd’hui, 21 février, c’est la journée nationale des guides touristiques. Un métier peu connu, mais qui m’a toujours fait rêver. Qui n’aimerait pas faire découvrir le monde tout en l’explorant soi-même, gratuitement et en étant payé en plus! Derrière ce tableau idyllique se cache une réalité qui comporte son lot de défis. Comment gérer par exemple les groupes de touristes difficiles? Je suis partie enquêter sur ce métier aux multiples facettes. Groupe Voyages Québec, reconnu pour ses excellents guides francophones, m’a ouvert ses portes pour découvrir le métier de guide accompagnateur. Certaines écoles comme le collège April Fortier ou l’Ecole de Voyages Lanaudière continuent d’offrir une formation dédiée à ce métier, mais y a-t-il encore un avenir pour cette profession au Québec? Le salaire est-il suffisant pour en vivre à temps plein? Cette semaine, lumière sur une profession qui est à la source du bon déroulement de nos vacances et de nombreux beaux souvenirs. Je me suis infiltrée dans la vie d’un vrai guide, Marc Belzile. N’ayant pas pu le suivre à destination, c’est par téléphone que je lui ai posé toutes mes questions. Voici ce que vous devriez savoir sur ce métier difficile, mais passionnant.

ENTREVUE AVEC MARC BELZILE; GUIDE ACCOMPAGNATEUR


Marc est un guide accompagnateur depuis plus de 20 ans. Il est passionné par son métier, mais n’en cache pas les difficultés.

« L’un des plus grands défis de ce métier est probablement d’en vivre. On ne fait pas ce métier pour voyager. On fait voyager nos clients. C’est un job de service. Pour un guide, il n’y a jamais de problèmes, que des solutions. Je recommande ce métier aux plus jeunes, mais cela demande beaucoup de sacrifices. C’est très dur pour la vie de couple et de famille… », a-t-il confié à Profession Voyages.

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1) Profession Voyages: Comment devient-on guide? Quel est votre parcours?

Marc: On ne fait pas ce métier pour voyager. On fait voyager nos clients. C’est un job de service. Aujourd’hui, il y a deux façons de devenir guide:

  • Commencer une carrière jeune
  • Devenir guide après sa première carrière, donc à sa retraite. Ce qui est très fréquent.

Pour ma part, mon parcours est un peu plus atypique. Je fais ce métier depuis plusieurs décennies. J’ai eu un parcours un peu plus atypique que les guides qui commenceraient maintenant. J’ai commencé par un job d’été, puis j’ai fait, par la suite, mes cours de guide à l’université.

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2) Profession Voyages: Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon guide?

Marc: Je crois que la qualité la plus importante d’un guide est sa culture. On n’en a jamais trop. Il faut aussi aimer les gens, car on reste avec un groupe souvent plusieurs jours.

Il faut aussi avoir une santé de fer, car il nous est INTERDIT d’être malade… Blague à part, mais quand même pas question de dire : aujourd’hui, je ne travaille pas, car je suis enrhumé, surtout si on est au bout du monde.

Il faut parler des langues étrangères, s’entendre avec tout le monde et être très débrouillard. Pour un guide, il n’y a jamais de problèmes, que des solutions.

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3) Profession Voyages: Quels sont les plus grands défis dans ce métier?

Marc: C’est certain que c’est un métier passionnant, mais qui comporte son lot de défis.

Avoir une situation financière stable: l’un des plus grands défis de ce métier est probablement d’en vivre. Quand on débute comme guide, on a seulement quelques contrats les premières années. Nous sommes des contractuels, donc pas de contrats, pas de paye! On doit se faire un nom.

Accepter d’être toujours en décalage: on travaille quand les autres sont en vacances. Pas question pour nous de prendre des vacances l’été.

Garder la forme: on doit être en santé, car on doit rester « assurable »  par les compagnies d’assurance (exemple, Manuvie, Croix Bleue). Si une assurance refuse de m’assurer à cause de mon âge ou de mon état de santé, ma carrière s’arrêtera d’un seul coup.

Être passionné: un autre défi de taille est à mon avis de garder le feu sacré. Rien de pire qu’un guide qui est blasé.

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4) Profession Voyages: Qu’est-ce que vous préférez le plus dans ce métier?

Marc: La liste est longue…

Un sentiment de liberté et de responsabilité stimulant: en effet, ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est certainement le sentiment de liberté que j’ai. Lorsque je suis «  sur la route », je suis plus ou moins mon propre patron. Les problèmes à régler sont aussi très stimulants.

Un métier gratifiant: je crois que le plus gratifiant, ce sont les clients qui apprécient le service que j’offre. Lorsqu’un client me dit, à la fin d’un circuit, qu’il ne veut plus partir avec un autre guide que moi, c’est une véritable gratification.

Profession Voyages: Quelle est votre astuce pour gérer un groupe difficile ?
Marc: Il y a plusieurs astuces pour gérer un groupe, mais voici les miennes.

Bien expliquer au début du voyage TOUT. Après, c’est plus difficile, car il est trop tard.
Relativiser les problèmes et se montrer empathique avec les clients. Ne jamais lever le ton. Et les traiter tous sur le même pied d’égalité.

Astuce bonus: j’explique, au début du voyage, que le «  bureau des plaintes»  est ouvert tous les jours, entre 8h45 et 9h00. Sinon, ça va au lendemain. Ça fait bien rire… mais ça fonctionne. Si quelqu’un «  chiale », les autres clients lui disent que le bureau des plaintes sera ouvert demain, en rappelant les horaires d’ouverture.

QUESTIONS PRATIQUES À RETENIR

Mélanie Gilbert, responsable des guides et accompagnateurs chez GVQ, et Christiane Vachon, directrice de l’École de Voyages Lanaudière, ont accepté de me dévoiler de précieuses  informations pour ceux qui aimeraient faire ce métier. Avez-vous une chance d’être recruté chez GVQ?
Les salaires et les exigences demandées pour être guide accompagnateur

« Nous cherchons des candidats ayant une combinaison d’expérience et de formation dans le domaine. Il est nécessaire que nos guides possèdent non seulement les connaissances sur la destination, mais aussi qu’ils soient capables de bien gérer leur groupe. Au niveau des salaires on parle de rémunération journalière. Beaucoup de nos guides sont des travailleurs automne, c’est pourquoi il est plus difficile de faire une moyenne. Le tout dépend de plusieurs facteurs dont l’expérience et la formation», explique Mélanie Gilbert.

Christiane Vachon, directrice de l’École de voyages Lanaudière, m’a confié quelques détails sur le salaire et les compétences demandées en général par les grossistes:

« Les grossistes veulent des personnes expérimentées pour être guides et privilégient ceux qui ont un bagage professionnel pertinent. Idéalement, ils recherchent des personnes ayant de l’expérience dans le voyage, dans l’organisation et qui ont une grande disponibilité. Les entreprises ne recherchent pas vraiment de jeunes profils, mais plus des professionnels séniors. C’est eux qu’on place le plus facilement chez nos partenaires. Pour le salaire, il est très variable selon les compétences et l’expérience du guide, mais les conditions salariales sont encadrées par la CGAQ (Corporation des guides accompagnateurs du Québec). Il y a toujours un taux journalier fixe, puis les pourboires. Le salaire d’un guide fixé peut varier entre 145$ à 200$ par jour ».

Quels sont les types de contrats pour ces postes?Est ce que c’est un métier d’avenir?

Chez GVQ, les guides sont à forfait et leurs horaires sont établis en fonction des circuits de GVQ. La durée du contrat peut donc varier d’un jour à près de 20 jours.

« En principe, un guide travaille pour un seul grossiste », m’a expliqué Christiane Vachon. « Cela reste un travail qui fonctionne au contrat. Le nombre de missions par guide peut être vraiment variable. L’École de Voyages Lanaudière forme chaque année 30 personnes qui n’ont pas de mal à se placer chez les grossistes en voyages. Comme tout travail ponctuel, c’est difficile d’en vivre. C’est vraiment une activité complémentaire, c’est pourquoi il s’adresse davantage à une personne en semi-retraite ou en retraite ».

Ce métier vous séduit? Envoyez votre candidature chez Groupe Voyages Québec! Ils sont toujours à la recherche de bons candidats. Contact: rh@gvq.ca . En amont, pour vous former et augmenter vos chances, pensez à suivre une formation spécifique pour ce métier. L’École de Voyages Lanaudière en offre une. Plus d’informations ICI.

Profession Voyages souhaite une bonne fête à tous les guides. Quant à moi, grâce à cette enquête, je viens tout juste de trouver mon futur métier de retraitée! J’ai un peu de temps devant moi, mais c’est une perspective vraiment sympa. :)