DESTINATION_BURKINA_FASO

[Burkina Faso] l’Afrique authentique

Franck Laboue
L’aventurier épicurien
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Niché au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est synonyme d’inconnu pour la plupart des Québécois. À l’évocation de ce voyage hors des sentiers battus, les premières réactions furent unanimes: “Mais que vas-tu faire à Ouagadougou?”

Invité par le ministère du Tourisme pour participer au Salon international du tourisme et de l’hôtellerie d’Afrique de l’Ouest (SITHO), ce voyage fut pour moi la promesse d’une aventure peu banale. Suivez-nous au “Pays des hommes intègres” à travers les images étonnantes que nous vous avons rapportées de cette contrée pas comme les autres. Voici notre histoire d’amour avec le Burkina Faso.

L’ANCIENNE COLONIE FRANÇAISE, VÉRITABLE KALÉIDOSCOPE AFRICAIN

Lorsque nous pensons à l’Afrique, notre inconscient nous renvoie souvent des images de safaris et de troupeaux immenses tout droit sortis du film Souvenirs d’Afrique, une certaine idée anglophone de ce continent. Mais le Burkina Faso ne nous renvoie finalement aucune image touristique.

Lorsque j’ai su que j’embarquerais pour Ouagadougou, mon premier souvenir fut une correspondance que j’entretenais, écolier en France, avec un jeune burkinabé de mon âge. Jamais je n’aurais pensé arpenter un jour cette contrée! Ancienne colonie française datant de la fin du 19ème siècle, le Burkina Faso est composé de diverses ethnies.

Le français y est toujours la langue officielle, mais on compte pas moins de 60 autres langues nationales! Pays plat et enclavé, il est entouré notamment du Mali, du Niger et de la Côte d’Ivoire. Au cœur de l’Ouest africain, on retrouve un délicieux mélange de tous les paysages du continent: la région du Sahel, la savane et même la jungle!

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EXPLORATION DU SUD-OUEST OU “TOURISME SAUVAGE”

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À peine arrivé à l’aéroport, je suis accueilli “en chanson” par l’équipe de Madame Traoré, organisatrice de notre périple burkinabé. Le ton est donné et, malgré le décalage horaire et les heures de vol, je suis tout de suite serein. Mon voyage démarre alors de Ouagadougou; nous partons explorer la région du “Sud-Ouest”, une zone qui est située en dehors des sentiers touristiques.

Loin des grands classiques du Burkina Faso, nous partons pour plusieurs heures de “minivan” sur les routes, aux confins du pays, à la frontière ghanéenne. Je suis accompagné d’une équipe de tournage local. Pour eux aussi, c’est une exploration; ils ne connaissent presque rien de cette région de leur pays. À la blague, nous nous disons rapidement que nous faisons du “tourisme sauvage”. Je n’allais pas être déçu.

ROCHERS SACRÉS, VILLAGES, CROCODILES & GROTTES MILITAIRES

visite des crocodiles sacres au burkina fasoJe ne le savais pas encore, mais j’allais vivre 24 des plus belles heures de voyage de toute ma vie de voyageur. C’est la beauté de ne pas connaitre mon programme: une surprise à chaque arrêt, une fascination à chaque virage. Un premier arrêt à Bazoulé me mettra nez à nez avec les “crocodiles sacrés”. Au bout d’un sentier de couleur orangé, nous tombons sur ces mastodontes préhistoriques. Il est coutume de monter sur le dos de ces fameux dinosaures, car il paraît que ça porte chance!

La route continue vers l’ouest; je suis étonné par tant de verdure. Je m’attendais à un pays sec, aux paysages de savane. Les minibus que nous croisons sont bondés de passagers jusqu’au toit; les petites localités attendent les voyageurs de passage dans leurs “maquis”, soit ces petits restaurants locaux où l’on déguste le fameux “poulet bicyclette” accompagné d’une “Brakina”, la bière locale. Ces scènes de route sont déjà enivrantes, le soleil se couche sur les rivières et les forêts du sud du Burkina.

burkina faso et tourisme

Après notre déjeuner dans la mission chrétienne de sœur Marie-Blanche, notre véhicule s’enfonce sur de petites routes entre les champs de mil. C’est entourés de ces champs que nous débarquons à Bekoteg. Ici, le paysage est véritablement mystique: une chaîne de rochers granitiques aux formes rondes s’offre à mes yeux. Un panorama enchanteur. Ici, je me sens loin, très loin.

Des enfants à demi nus nous regardent avec des yeux ronds; nous sommes probablement les premiers “blancs” qu’ils aperçoivent. Les pistes de terre d’un orange vif me fascinent. On y croise le va-et-vient des locaux: motos surchargées, femmes à vélo portant leur enfant sur le dos; je serais resté là à observer cette vie multicolore toute la journée.

Car c’est bien ça, le spectacle coloré de cette journée: l’orangé des pistes, le vert des champs, le bleu du ciel, le jaune des champs. Du haut des rochers de Bekoteg, le point de vue est fabuleux: vallons verdoyants, baobabs accrochés à la pierre, champs de mil; suis-je bien en Afrique?

 

Tout proche, c’est une autre réalité qui m’attend au village de Ouessa: la fabrication du beurre de karité. Avant même de partir, je savais que je ne voudrais pas passer à coté de ce produit africain si réputé. Ce n’est pas une fabrique qui nous accueille mais plutôt une petite cour où une famille de travailleuses conçoit des produits à base de karité. Nous suivons le processus de fabrication, encore si artisanal, et c’est alors que tout se poursuit en chanson. Au rythme de la musique, les travailleuses font une pause, un vrai moment de joie pure, que nous partageons alors avec ces femmes.

fabrication du karite burkina faso

La journée se termine à Djikologo, un paysage de petites montagnes entourées de verdure que seul un arc-en-ciel vient perturber. Nous découvrons des grottes creusées par les habitants pour l’armée coloniale. Tunnels, compartiments, chambres; tout est prévu en cas d’attaque ennemie avec pour seuls compagnons les chauves-souris.

Cette exploration du sud du pays fut une montagne russe d’émotions ponctuée d’une variété impressionnante de sites touristiques: villages, fabriques, montagnes, grottes militaires et rochers sacrés. Le pays a bien sûr d’autres merveilleuses régions à offrir, dans l’ouest, à Bobo-Dioulasso, ou encore dans les savanes de l’ouest ou dans le désert du nord. Une richesse si méconnue.

RICHESSE HUMAINE ET RENCONTRES INOUBLIABLES


Mon plus beau souvenir du Burkina Faso? Ce sont les Burkinabés! C’est à la fin de ce périple que j’ai compris que l’Afrique avait pénétré mon âme, non pas avec ses paysages, mais avec ses habitants. À chaque rencontre, que de joie, de sourires francs, de rires d’enfants et de bonhommie nous avons croisés.

Je n’ai jamais été autant en contact avec une telle chaleur humaine. Chaque rencontre fut inoubliable et je repars avec le sentiment d’avoir été changé au contact des Burkinabés, si beaux et si nobles à la fois. Artisans, chauffeurs, vendeurs, travailleuses, enfants; impossible d’oublier tous ces sourires. Tout est multicolore dans leur façon d’être: des couleurs de leurs vêtements à la volubilité de leur français. Et que dire des femmes burkinabés; elles sont le pilier du pays. Comme dans le reste du continent, elles imposent le respect. Définitivement, le Burkina Faso m’a bouleversé; j’ai maintenant l’Afrique gravée dans mon cœur à tout jamais.

3 INCONTOURNABLES

– Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays et véritable cœur culturel du Burkina Faso. On y retrouve de nombreux artisans ainsi que la plus belle architecture coloniale du pays sous des avenues ombragées.

– Vivre l’ambiance des maquis. Plus que des restaurants, les maquis sont des lieux de rencontres incontournables. Le temps d’un poulet bicyclette, vous pourrez jaser avec votre voisin de table et, pourquoi pas, continuer le tout dans un “maquis-dancing”!

restaurant maquis burkina faso

– Bani. Dans la région du Sahel, on retrouve les mosquées de Bani. Par leur architecture, elles rappellent leurs consœurs maliennes de Tombouctou.

3 AVANTAGES

– Un pays francophone.
– La diversité de l’offre touristique.
– Une destination sécuritaire ou l’on côtoie une population accueillante.

3 INCONVÉNIENTS

– Un visa est requis avant de vous rendre à Ouagadougou (un consulat existe à Montréal et à Ottawa). Possibilité de faire vos démarches à l’aéroport, mais dans ce cas, le visa est plus cher et la procédure plus longue.
– Pas de vol direct depuis le Québec.
– Obligation de présenter un carnet de santé international prouvant que vous êtes bien vacciné contre la fièvre jaune. C’est le premier document vérifié à votre sortie de l’avion, bien avant votre passeport!

POUR QUI?

Longtemps synonyme de destination humanitaire, le Burkina Faso s’adresse à bien d’autres personnes. Il faudra tenir compte du rythme de vie des Burkinabés, ainsi que du rythme plutôt tranquille des transports en commun!

– Pour les voyageurs de tous les âges recherchant l’aventure et les rencontres humaines.
– Pour les amoureux de la nature et de culture africaine: l’Afrique est grande et diversifiée, les amoureux de l’Afrique seront comblés par leur expérience burkinabé.

COMMENT Y ALLER?

Avec Air France via Paris (attention: pas de vols quotidiens) ou encore, depuis peu, avec Turkish Airlines via Istanbul.

QUAND Y ALLER?

La saison sèche, qui se situe entre octobre et avril, est la période la plus agréable pour voyager au Burkina Faso. Vous éviterez ainsi les grandes chaleurs de l’été.

BUDGET À PRÉVOIR

Le niveau de vie du Burkina Faso est peu élevé. Hormis les vols internationaux, vous n’aurez pas besoin d’un gros budget pour visiter le pays. Le prix moyen d’une nuit à l’hôtel est d’environ 30$ CAD; pour un repas comptez 10$ CAD en moyenne, donc un total de 1500 à 2000$ par semaine, selon votre programme et vos excursions.

VERDICT DU CHRONIQUEUR

Si vous cherchez une autre Afrique, soit celle de l’accueil, du style de vie unique, de l’hospitalité et des paysages paisibles, alors le Burkina Faso est forcément pour vous. Ce pays, c’est la promesse d’une aventure peu commune; elle restera à jamais gravée dans votre mémoire. Vous rêvez d’Afrique? Riche, créatif, généreux et accueillant, le Burkina Faso est fait pour vous!

À lire / écouter

– À écouter: Victor Démé, frère musical de son voisin malien Ali Farka Touré, il incarne le blues africain à son meilleur. Certainement l’un des meilleurs guitaristes africains et l’un des meilleurs musiciens burkinabés. Un voyage musical.

– À lire: Crépuscule des temps anciens / chronique du Bwamu (Nazi BONI). Plus qu’un roman, le premier succès littéraire burkinabé couvre trois siècles d’histoire de la région du Bwamu, de ses débuts à la colonisation française.