Le Boeing 737 Max 8 soulève des interrogations: Air Canada et Boeing s’expriment

11 mars 2019 – Les autorités aéronautiques chinoises, indonésiennes et éthiopiennes ont ordonné aux compagnies aériennes de garder leur Boeing 737 Max 8 au sol après le crash d’un avion en Éthiopie, faisant 157 morts à bord dont 18 canadiens. Un haut responsable des Nations Unies et un forestier du Nouveau-Brunswick figuraient parmi les 18 Canadiens décédés dimanche. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré qu’une de ses employées d’origine canadienne, Jessica Hyba, figurait parmi les victimes de l’accident mortel d’un avion d’Ethiopian Airlines.

L’écrasement de l’avion d’Ethiopian Airlines, peu après son décollage d’Addis Abeba dimanche, suscite un nouveau questionnement sur cet appareil, quatre mois seulement après le crash du même modèle d’avion en Indonésie, qui a coûté la vie à 189 personnes. Le Boeing 737 Max avait été livré à la compagnie aérienne nationale en novembre dernier. Ethiopian Airlines, un membre du regroupement Star Alliance, est considérée comme l’une des lignes aériennes les plus sécuritaires d’Afrique.

LE 737 MAX: L’AVION COMMERCIAL LE PLUS VENDU AU MONDE

Le 737 Max est la nouvelle génération de l’avion commercial le plus vendu au monde. En activité depuis 2017, il est équipé de moteurs moins gourmands en carburant que la version précédente. Les moteurs de la version Max étant cependant plus grands que ceux de l’ancien modèle, ils ont dû être déplacés sur les ailes. Pour éviter que ce changement dans la répartition de la masse fasse perdre à l’appareil sa portance, un système automatique pouvant réorienter l’orientation du nez de l’avion a été implanté.

AIR CANADA ET WESTJET VOLENT AUSSI AVEC 737 MAX 8

D’après les informations disponibles en ligne sur le site d’Air Canada, la compagnie aurait dans sa flotte 24 Boeing 737 Max 8 pour assurer des vols notamment au départ de Montréal. 

Dans un article du Devoir, on apprend qu’Air Canada a offert son aide et surveille de près l’enquête sur l’écrasement du vol 302 d’Ethiopian Airlines. Elle n’émet pas de doutes quant à ses propres appareils 737 Max. « Leur performance est excellente autant du point de vue de la sécurité, de la fiabilité que du niveau de satisfaction de la clientèle », a écrit une porte-parole dans un courriel adressé au Devoir.

« Ces avions ont excellé sur les plans de la sécurité, de la fiabilité et de la satisfaction de la clientèle », a déclaré la porte-parole Isabelle Arthur. « Nous continuons de surveiller la situation et, en nous basant sur les informations actuelles et les recommandations des autorités de réglementation responsables de la sécurité, y compris Transports Canada, et le fabricant, nous continuons d’utiliser notre programme normal B737. »

WestJet en exploite 13 appareil de ce type. La compagnie a également exprimé ses condoléances et déclaré qu’elle ne spéculerait pas sur la cause de l’incident pour le moment. WestJet a déclaré « travailler avec Boeing pour assurer le fonctionnement sûr et continu de notre flotte Max ».

D’autres compagnies régulièrement utilisées par les Québécois utilisent aussi ces appareils comme Aéromexico par exemple.

ETHIOPIAN AIRLINES IMMOBILISE TOUS SES AVIONS 737 MAX 8 ET D’AUTRES COMPAGNIES SUIVENT LE MOUVEMENT

Le porte-parole d’Ethiopian Airlines, Asrat Begashaw, a déclaré que le transporteur avait immobilisé jusqu’à nouvel ordre ses quatre appareils 737 Max 8 restants, à titre de « mesure de sécurité supplémentaire ».

La compagnie aérienne utilisait cinq nouveaux 737 Max 8 et attendait la livraison de 25 autres. Asrat a déclaré que la recherche des corps et des débris de l’accident se poursuivait.

L’Administration de l’aviation civile de Chine a déclaré avoir ordonné aux compagnies aériennes l’arrêt de tous les appareils 737 Max 8. Elle a annoncé qu’elle publierait d’autres avis après consultation de la US Federal Aviation Administration et de Boeing. China Southern Airlines est l’un des plus gros clients de Boeing pour cet avion. L’Indonésie a également mis à la terre ses 737 Max 8 pour des inspections. Cayman Airways a annoncé lundi avoir mis à la terre ses deux Boeing 737 Max 8 qu’elle opère temporairement.

Les applications radar de vol en temps réel ont montré que des dizaines d’appareils fonctionnaient toujours dans le monde entier.

BOEING S’EXPIQUE

Boeing, basé à Chicago, a déclaré ne pas avoir l’intention de publier de nouvelles directives à l’intention de ses clients. Il envisage toutefois d’envoyer une équipe technique sur le site de l’accident pour aider les enquêteurs éthiopiens et américains. L’entreprise a publié un communiqué dans lequel il se déclarait « profondément attristé d’apprendre le décès des passagers et de l’équipage » de l’avion d’Ethiopian Airlines.

La société Fana Broadcasting Corporate, affiliée à l’Éthiopie, rapporte que la boîte noire de l’appareil accidenté d’Ethiopian Airlines a été retrouvée. Un responsable de la compagnie aérienne a toutefois déclaré à l’Associated Press que la boîte était partiellement endommagée et que « nous verrons ce que nous pourrons en récupérer ».

Boeing a livré environ 350 avions 737 Max à de nombreuses compagnies aériennes et le carnet de commandes est bien rempli avec plus de 5 000 appareils en attente.

Les actions de la société ont chuté de 9,6% lundi dans les échanges pré-marché.

LES HYPOTHÈSES SUR LES CAUSES DU CRASH

Alan Diehl, un ancien enquêteur du National Transportation Safety Board, a déclaré que les informations faisant état de fortes variations de la vitesse verticale au cours de l’ascension de l’avion de ligne éthiopien “suggèrent clairement un problème potentiel de contrôlabilité”.

Parmi les autres causes possibles, citons des problèmes de moteur, des erreurs de pilotage, une charge, un sabotage ou des impacts d’oiseaux, a-t-il déclaré.

Ethiopian a une bonne réputation et le PDG de la société a déclaré à la presse qu’aucun problème n’avait été constaté avant le crash de dimanche. Mais les enquêteurs vont également se pencher sur la maintenance de l’avion, qui pourrait avoir été un problème dans l’accident de Lion Air.

Quelques jours après l’accident indonésien, Boeing avait informé les compagnies aériennes que certaines informations erronées fournies par un capteur sur l’appareil, pouvaient amener l’avion à piquer du nez automatiquement. La notice rappelait aux pilotes la procédure à suivre pour gérer une telle situation, qui consiste à désactiver le système, ce qui provoque les mouvements de piqué automatiques.