Les Canadiens peuvent-ils se rendre aux États-Unis et sous quelles conditions?

27 novembre 2020 — Sans grande surprise, Ottawa et Washington ont prolongé la fermeture de la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis jusqu’au 21 décembre 2020 au moins. La frontière terrestre étant fermée jusqu’à nouvel ordre, une confusion subsiste depuis le début de la pandémie : peut-on tout de même y rentrer par les airs? Sur le site de l’aéroport de Montréal, nous pouvons voir qu’il y a bien des vols programmés pour les USA.

D’après nos sources et recherches, nous avons constaté qu’il n’y a aucune restriction à ce que les Canadiens se rendent aux États-Unis par avion. Toutefois, y a-t-il des conditions spécifiques pour ces voyages? Des exigences supplémentaires aux frontières sont-elles prévues? Profession Voyages a mené son enquête auprès des autorités concernées, et vous éclaire sur la situation avec des témoignages exclusifs.

FERMETURE DE LA FRONTIÈRE TERRESTRE

Afin de limiter la propagation du coronavirus, la frontière terrestre entre les deux pays est fermée depuis le 18 mars et depuis lors, les autorités n’ont cessé de prolonger la fermeture, la pandémie de COVID-19 ayant fait plus de 200 000 morts aux États-Unis. Les passages à la frontière ne seront permis qu’aux voyages essentiels, comme par exemple le transport de marchandises.

VOYAGER PAR VOIE AÉRIENNE : POSSIBLE?

Si la voie terrestre est bel et bien fermée, les voyageurs peuvent toujours se rendre aux États-Unis par avion! Au départ de YUL, des vols vers New York, Boston, Philadelphia, Lauderdale, Detroit, Newark ou encore Washington sont assurés tous les jours, avec la possibilité de connecter vers d’autres destinations depuis ces aéroports. Hawaï était le seul état qui refusait des touristes (tant les Canadiens que les Américains), mais la restriction en question a été levée mi-octobre. Air Canada a d’ailleurs annoncé la reprise des vols directs vers Hawaï à partir de Vancouver et de Calgary à compter du 17 décembre. Les Canadiens pourront éviter la quarantaine en arrivant sur l’archipel si ces derniers sont en mesure de montrer la preuve d’un résultat de dépistage négatif de Covid effectué dans les 72 heures avant l’embarquement.

Un professionnel de l’industrie en charge de la promotion de plusieurs destinations américaines au Canada apporte un éclairage sur la situation sur place : “Officiellement, il n’y a que les voyages essentiels qui sont permis par voie aérienne, mais il semble n’y avoir aucun contrôle de la part des douaniers américains aux 4 aéroports canadiens qui desservent les États-Unis en ce moment (Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver). Aucune question n’est posée sur la raison derrière le voyage pour les citoyens canadiens” confie Kosta Tsimiklis, de l’agence Reach Global.

Nous avons également posé la question au service Customs and Border Protection (CBP) des États-Unis. Voici leur réponse:
“Le 21 septembre 2020, le Département de la sécurité intérieure a étendu la notification des restrictions temporaires de voyage applicables aux points d’entrée terrestres et au service des ferries entre les États-Unis, le Canada et la notification respective pour le Mexique.
Les restrictions suspendent l’entrée aux États-Unis, par la frontière terrestre, le passage de ferry, le chemin de fer ou les ports d’entrée côtiers du Canada et/ou du Mexique, en tant qu’immigrants ou non-immigrants pour tout voyage qui n’est pas jugé essentiel.”

CBP précise ensuite quels sont les voyages considérés comme essentiels et déclare que le jugement du caractère essentiel d’un voyage dépend aussi de la décision du point d’entrée.

Les voyages essentiels comprennent, mais ne s’y limitent pas :
– les citoyens américains et les résidents permanents légaux qui retournent aux États-Unis ;
– les personnes voyageant pour des raisons médicales (exemple : pour recevoir un traitement médical aux États-Unis) ;
– les personnes voyageant pour fréquenter des établissements d’enseignement ;
– les personnes voyageant pour travailler aux États-Unis (par exemple : les personnes travaillant dans l’agriculture ou l’industrie agricole ; de même, les déplacements des athlètes professionnels sont considérés comme essentiels) ;
– les personnes voyageant pour des raisons d’intervention d’urgence et de santé publique ;
– les personnes qui se livrent à des échanges transfrontaliers licites (exemple : les chauffeurs de camion qui soutiennent le mouvement de marchandises entre les États-Unis et le Canada) ;
– les personnes effectuant des voyages officiels pour le compte du gouvernement ou des voyages diplomatiques ;
– les membres des forces armées américaines, ainsi que les conjoints et les enfants des membres des forces armées américaines, qui rentrent aux États-Unis et ;
– les personnes effectuant des voyages ou des opérations à caractère militaire…”

Enfin, le CPB termine en déclarant que “ces restrictions ne s’appliquent pas aux voyages aériens, ferroviaires ou maritimes entre les États-Unis et le Canada et/ou le Mexique, mais s’appliquent aux voyages de passagers par train, par ferry et par bateau de plaisance entre les États-Unis et le Canada et/ou le Mexique.”
Nous observons d’ailleurs que Via Rail et Amtrak n’assurent pas la liaison entre Montréal et New York, Newark ou Lauderdale.

Les Canadiens ont donc le droit de voyager vers les États-Unis par avion.

Quelques précisions sont à noter, notamment sur les autres restrictions d’entrée et de retour :

Le site du CDC précise que “Sauf exceptions spécifiques, les ressortissants étrangers qui ont séjourné dans l’un des pays suivants au cours des 14 derniers jours ne peuvent pas entrer aux États-Unis[…] : Chine, Iran, Espace Schengen (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Monaco, Saint-Marin, Vatican), Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord), République d’Irlande et Brésil.”

Après leur voyage et au retour sur le territoire canadien, les voyageurs sont tenus de respecter une quarantaine de 14 jours à l’arrivée.

Les frais médicaux américains étant très élevés, nous conseillons fortement aux voyageurs de se munir d’une assurance Covid-19 avant de traverser la frontière.

PAS DE PRINCIPE DE RÉCIPROCITÉ

Le Canada n’exerce pas de principe de réciprocité concernant les restrictions de voyage. Les Canadiens peuvent se rendre aux États-Unis, mais pas l’inverse! Tout comme les autres ressortissants étrangers, les ressortissants américains ne sont pas acceptés au Canada, sauf pour voyage essentiel (permis de travail ou d’études).

TÉMOIGNAGES : DEUX CONSEILLÈRES EN VOYAGES AUX ÉTATS-UNIS

Profession Voyages a eu le plaisir de recevoir le témoignage de Chantale Gagnon, s’étant rendue en Floride pour un séjour à Disney World en octobre dernier. Conseillère en voyages pour l’agence Voyage 1001 destinations, Chantale nous a raconté comment elle est allée aux États-Unis sans difficulté, à bord d’Air Canada, et assurée par La Croix Bleue.

“Le passage aux frontières s’est passé sans soucis. Les mêmes questions habituelles m’ont été posées, rien de spécial de ce côté, mis à part de me demander si j’allais dans les parcs thématiques ou à Orlando!”
En effet, Chantale nous a affirmé qu’aucun formulaire ou requis spécifiques ne lui ont été demandés pour aller aux États-Unis par voie aérienne.

Justine Grenier, spécialiste de Disney et conseillère chez Voyages au cœur de la magie inc., a pu elle aussi se rendre à Orlando en août, en septembre, en octobre et même en novembre, le lendemain de l’entrevue. C’est avec plaisir qu’elle nous a raconté son voyage, qui s’est déroulé avec facilité et sécurité.

“Sauf les informations de quarantaine au retour (j’ai téléchargé l’application ArriveCAN pour mon voyage de septembre, super facile), aucune question hors de l’ordinaire. J’étais stressée mais cela s’est super bien passé.”
Se rendre aux États-Unis par voie aérienne semble constituer un voyage sans encombre, presque habituel, malgré la Covid.

Craintes, confiance, tranquillité? Découvrons les détails de leur escapade vers les États-Unis.

[Entrevue réalisée le vendredi 13 novembre 2020]

Flexibilité et confiance

Chantale et Justine ont pu respectivement réserver leurs billets d’avion en dernière minute, grâce à la flexibilité d’Air Canada, avantage que l’on retrouve désormais chez presque toutes les compagnies aériennes. C’est donc assez sereines qu’elles ont entamé leur voyage vers les États-Unis.

“Avec la flexibilité d’Air Canada et les prix très bas, j’ai décidé d’acheter mon billet d’avion. J’étais convaincue que ça allait bien aller, je n’avais rien à perdre. C’était important en tant que conseillère en voyages de pouvoir aller tester sur place, pour ensuite rassurer mes clients”, déclare Chantale.

“J’ai eu un petit stress quand même, car on ne sait jamais, mais je me sens à l’aise de voyager en ce moment. J’ai même prévu d’aller en République dominicaine cet hiver!”, nous dit Justine, confiante.

Le respect des protocoles

Pour les deux conseillères en voyages, la sécurité est une priorité dans le voyage. Que ce soit à l’aéroport ou à bord des avions, les normes d’hygiène anti-Covid étaient présentes et respectées.

Chantale raconte : “La qualité et les services étaient parfaits. On nous donne une trousse avec une bouteille d’eau, des bretzels, un masque, des lingettes désinfectantes… Le personnel passe une fois pour les boissons. Les passages et les contacts avec le personnel sont réduits, et on sent qu’ils sont protégés, avec leurs masques et leurs gants. Mon expérience a été sécuritaire.”


Crédits photo : Chantale Gagnon

Selon Justine, “Au niveau du personnel, de l’assistance, de la douane : toutes les mesures sont en place pour favoriser la sécurité. Mais en même temps, il peut toujours y avoir quelques voyageurs qui ne respectent pas les règles. Mais au niveau du personnel, tout est respecté et mis en œuvre pour la sécurité. Je pense que la responsabilité est humaine, du côté du voyageur. Mais je ne me suis jamais dit que je ne me sentais pas en sécurité.”

L’ambiance de voyage

D’après leurs expériences respectives, Chantale et Justine ont ressenti une atmosphère positive vis-à-vis des voyages.

“Le personnel est vraiment content de nous voir!”, dit Chantale.

Justine nous raconte : “J’ai eu des conversations avec des gens, tout en gardant nos distances, on partage nos expériences… Et je sens que les gens n’ont pas peur. Il n’y a pas vraiment de stress, mais plutôt une sorte d’inconfort lié à la nouveauté, dans le sens où tout a changé.”

Les restrictions de voyages et la quarantaine

Nous avons demandé à Chantale et à Justine ce qu’elles pensaient des restrictions actuellement en vigueur et si elles recommanderaient à leurs clients de voyager, notamment en cette période particulière.

“Je trouve que la quarantaine au retour de voyage est une mesure assez hypocrite, l’exposition au virus étant aussi élevée chez nous au Québec que lorsque l’on voyage. Au contraire, la majorité des gens qui voyagent prennent des précautions, et dans les resorts, les mesures en place protègent suffisamment les gens. La quarantaine est une mesure contraignante. Imposer un test à la cinquième ou sixième journée de quarantaine serait déjà une bonne alternative pour une quarantaine moins longue. Mais personnellement, la quarantaine ne change pas grand-chose dans mon quotidien et je suis en télétravail donc ça va. Mais ce n’est pas évident de passer deux semaines sans contact avec personne”, explique Justine.

“Je comprends les mesures, mais je ne les soutiens pas vraiment. Au début de la pandémie, oui, mais maintenant que le coronavirus est partout, il va falloir vivre avec ça. Qu’il soit au Québec ou aux États-Unis, le virus est là de toute façon. Du moment que les mesures d’hygiène sont là, en théorie cela devrait bien aller. Tu peux autant l’attraper à l’épicerie au Québec”, nous a répondu Chantale.

Elle ajoute : “Je ne vais pas pousser mes clients à voyager, je ne pousse pas les ventes. Mais si un client m’approche car il a envie d’aller à Disney, en l’ayant testé je peux lui exposer la situation et lui dire que c’est sécuritaire. S’il est d’accord avec toutes les mesures, alors c’est ok. Tout est assez difficile, car on a hâte que ça recommence, mais il faut aussi être prudent.”

Justine a aussi son opinion sur les ventes : “Si des clients nous approchent, il est important de les informer sur les restrictions, notamment l’avis aux voyageurs de niveau 3, la quarantaine, tous les risques potentiels, les risques logistiques ainsi que les assurances. Si je sens que la personne n’est pas à l’aise ou a des doutes, alors non, je ne recommande pas de voyager. Je fais en sorte que les clients aient la conscience tranquille. La décision de voyager leur revient totalement. Avant de conclure une vente, je m’assure toujours que les informations ont été bien transmises.”

 

Notre article concerne les citoyens Canadiens. Pour les autres nationalités, veuillez vous renseigner auprès des services frontaliers. 

Avant de voyager, nous vous invitons à respecter dans la mesure du possible l’avertissement de niveau 3 et de bien vous renseigner sur les mesures liées à la COVID auprès de votre conseiller en voyages et sur les sites des gouvernements concernés.

Eloïse Petit pour Profession Voyages.